Les cuirs
Par Nathalie Dugré, conseillère designer et formatrice à La Galerie du Meuble
L’achat d’un mobilier de cuir s’avère un défi de taille pour le consommateur qui désire dénicher le mobilier idéal pour son style de vie.
Le cuir représente un investissement durable, car c’est un matériau qui se nettoie et s’entretient facilement. Mais attention ! Certains cuirs sont poreux et leur achat pourrait s’avérer déplorable pour des gens au rythme de vie trépidant.
En effet, un cuir poreux sera issu d’une vachette provenant d’un climat tempéré où la végétation pousse abondamment. Comme l’animal est bien nourri, sa peau est souple et présente peu d’imperfections, à part quelques plis de graisse et marques de vie. Toutefois, le grain de la peau étant souvent inégal, on procède au liégeage qui consiste à imprimer un grain particulier afin d’uniformiser sa surface. Le grain peut être très léger, à peine perceptible, ou alors, robuste. On parlera d’un grain « taureau ».
Une fois la peau grainée, elle sera teinte. On utilise une teinture aniline pour un cuir poreux. La teinture s’imprégnera en profondeur et la couleur sera même perceptible à l’endos du cuir. On dit alors que le cuir est teint dans la masse.
Ce type de cuir, au toucher sensuel, reste sensible aux taches de toutes sortes. Il ne convient pas à une vie intense. Il demeure par ailleurs très confortable, car il respire bien et n’est jamais froid au toucher ni humide en été lorsqu’on s’assoit sur le meuble.
À l’inverse, un animal élevé dans des régions arides, où la végétation est peu abondante, présentera une peau plus mince, moins bien nourrie, et dotée de beaucoup d’imperfections. On procédera alors à un sablage de la peau afin d’éliminer le plus de défauts. Ce procédé rendra la peau plus lisse et moins poreuse. On parlera alors d’un cuir corrigé.
Afin de colorer cette surface, on lui appliquera un pigment. Il ne pénétrera pas profondément dans le cuir, car le pore de peau n’est presque plus présent.
Le cuir pigmenté, ayant perdu la souplesse d’un cuir poreux, présente néanmoins quelques avantages : il reste imperméable aux intempéries quotidiennes, se nettoie facilement et demeure moins coûteux.
Entre ces deux procédés, existe la teinture semi-aniline. Celle-ci s’applique sur des cuirs légèrement corrigés, et la teinture n’est pas absorbée complètement comme la teinture aniline. Ce cuir présente une certaine souplesse, mais comporte les avantages d’un cuir pigmenté, car il est moins poreux qu’un cuir teint.
Par ailleurs, l’industrie du meuble emploie souvent le mot fleur pour parler du cuir. Qu’est-ce que cela signifie ? En fait, avant d’expliquer cette notion, il faut parler des différentes transformations que subit la peau de l’animal, une fois tué.
Tout d’abord, afin d’éliminer les poils et le tissu sous-cutané, la peau est épilée et écharnée. Elle est ensuite tannée. Le tannage se fait avec des sels de chrome. Cette opération se fait sous agitation continue dans un foulon (énorme tonneau tournant sur son axe). Lorsqu’elles ressortent du foulon, les peaux ont pris une couleur bleu-gris. Cette couleur sera changée lors de la teinture. Les peaux sont ensuite essorées et refendues. On sépare le cuir en deux parties à l’aide d’une immense lame. La partie supérieure est appelée fleur, ce qui est en fait l’épiderme et la partie inférieure, appelée croûte ou « split » est le derme. Celle-ci est souvent utilisée par certaines compagnies pour habiller les dos arrière et les côtés des meubles. Ce procédé réduit vraisemblablement le coût du meuble.
Par ailleurs, une fleur peut souvent présenter une épaisseur supérieure à 2 millimètres. Il existe même des cuirs rares et exceptionnels, d’une épaisseur à 3 millimètres. On parle alors d’un cuir massif. Plus un cuir est épais, moins il plissera au niveau des assises.
Mentionnons qu’il existe sur le marché un cuir appelé sauvage. Celui-ci est un cuir utilisé à l’état brut. Il est protégé par un traitement d’imperméabilisation à base de produits fluorés ou siliconés pratiqués lors du tannage. Ce type de cuir marque très facilement. Toutefois, si on le réchauffe, les égratignures peuvent s’estomper.
Plusieurs s’interrogent sur l’appellation « cuirs reconstitués ». Qu’en est-il ? Il s’agir de cuirs fabriqués à partir de déchets de cuir, broyés et lissés. Ils ne peuvent supporter la comparaison qualitative avec un cuir authentique.
Enfin, qu’est-ce que le « bycast » ? C’est une croûte de cuir ou « split » sur laquelle on a collé une membrane de polyester qui est ensuite recouverte de laque de polyuréthane. Facile d’entretien, il n’a pas la durabilité d’un cuir véritable.
Parmi toutes ces possibilités qui s’offrent au consommateur, il importe de préciser que peu importe le type de cuir que vous choisirez, votre mobilier doit être protégé des rayons solaires et des sources de chaleur (calorifères, radiateurs). Vous devez aussi prendre garde aux vêtements neufs, gorgés de teinture, qui pourraient déteindre sur les assises. Un plan de service antitache pourrait remédier à ce type d’incident.
Vos habitudes de vie, votre budget et vos préférences pour un type de cuir détermineront votre achat. Nos conseillers-décorateurs se feront un plaisir de vous guider afin que vous dénichiez le mobilier parfait pour vous.